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La Revanche - Episode 4

vendredi 10 mars 2017, par Sylvie Pichon

[AVERTISSEMENT : Bien qu’inspirés de la réalité, les personnages comme les événements de cette histoire sont totalement fictifs.
Certains contenus sont susceptibles d’impressionner les lecteurs les plus sensibles...]

Ce lundi du début d’octobre après la cantine, les élèves s’agglutinaient sur les bancs à l’ombre à la recherche d’un peu de fraîcheur et échangeaient des propos mi-inquiets mi-excités à propos du nouveau disparu du week-end.
-  « Ça fait quand même le deuxième élève du collège en deux semaines ! Remarqua Julie.
-  c’est chelou… commenta Sahel, pas plus affolé que ça.
-  Oui mais quand même, tu te rends compte, personne ne sait ce qui leur est arrivé. Si ça se trouve ils sont morts ! lui rétorqua Carèle.
-  Ce serait pas le deuxième prénom qui était rayé sur le tableau de Mme Sourd vendredi dernier ? Mathis, c’est ça ? Remarqua soudain Marion.
-  Ah ouais, c’est vrai, je crois bien que tu as raison, se souvint Mathilde, c’est un peu flippant, non ?
-  Oh bof … c’est sans doute un hasard… mitigea Sahel. Bon, c’est pas tout ça, mais il faut qu’on se dépêche de monter ou on va être en retard en cours ! »
Les 5e3 suivirent leur prof de maths, M. Darmont vers leur salle, au premier étage.
Celui-ci sortit son trousseau de sa poche et se figea en le regardant.
-  « Qu… qu’est-ce que c’est que ce porte-clés, bégaya-t-il en brandissant un petit bus rouge à l’anglaise, l’air plus angoissé qu’il n’aurait dû. »
Il jeta un regard suspicieux à ses élèves mais ceux-ci avaient l’air parfaitement innocent.
Les clés devaient d’ailleurs être les siennes puisqu’il réussit sans problème à y trouver celle de sa porte.
-  « C’est vrai, chuchota Loanne, d’habitude son porte-clés est un porte-étiquette banal.
-  Et ben peut-être qu’il a une amoureuse parmi les profs d’anglais qui a voulu lui faire une surprise, ricanna Emilie, les yeux pétillants.
-  Bon, je vais vous rendre votre contrôle ; les résultats ne sont pas mauvais mais j’attendais mieux de certains. » Commenta-t-il en fouillant dans son cartable de cuir à la recherche du paquet de copies.
Il ouvrit sa pochette rouge et se figea en blêmissant : dans sa main il tenait un sac en papier Kraft brun sur lequel Emilie, qui était devant, déchiffra les mots « Vomit bag ».
-  « C’est quoi ce truc ? Murmura-t-elle à son voisin.
-  Un sac à vomi, traduisit Sahel d’un air dubitatif, je me demande ce qu’il fait au milieu de nos copies. »
M. Darmont ne fit aucun commentaire mais ses mains tremblaient en jetant le sac à la poubelle et outre sa pâleur extrême, son regard resta distrait et inquiet tout le reste de l’heure.

Le vendredi suivant, les filles réunies devant le miroir des toilettes à se refaire une beauté, la brosse à cheveux ou le mascara à la main, constataient à l’unanimité que M. Darmont n’étaient décidément plus dans son état normal et qu’il « frisait la dépression » selon l’expression de Gaëlle.
Soudain, le miroir face à elles explosa en centaines d’éclats qui volèrent à travers la pièce avant de se répandre sur le sol dans un grand bruit cristallin d’assiettes brisées.
Bouches bées, sous le choc, elles virent distinctement des fragments de visages terrifiés et hurlants dans les morceaux qui jonchaient le sol.
Jetant à l’unisson un cri horrifié, elles sortirent en courant des toilettes et se précipitèrent vers le plus proche surveillant. Celui-ci ne parut guère convaincu par leurs récits hystériques d’autant qu’il ne constata rien d’anormal : le miroir, intact sur le mur, reflétait simplement Anaïs qui se tenait, tétanisée, au milieu de la pièce, une main obstinément posée sur la joue gauche.
Lorsqu’elle la retira, cependant, elle était pleine de sang et une fine estafilade formait une virgule sanglante sur sa joue.
En sortant de l’infirmerie où elles avaient accompagné Anaïs, Carèle et Marion se dirigèrent vers la salle d’Allemand où la maudite liste était réapparue, avec un nouveau nom barré.
-  « Nathan ! S’exclama Mathilde. J’espère que ça ne veut pas dire que quelqu’un d’autre va encore disparaître !
-  Qui les écrit d’ailleurs, ces noms ? Remarqua Carèle, un pli d’inquiétude barrant son front. Est-ce qu’il y a un criminel au collège ? »