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La Revanche - Episode 5

vendredi 17 mars 2017, par Sylvie Pichon

[AVERTISSEMENT : Bien qu’inspirés de la réalité, les personnages comme les événements de cette histoire sont totalement fictifs.
Certains contenus sont susceptibles d’impressionner les lecteurs les plus sensibles...]

En ce triste après-midi de novembre, les élèves du club lecture étaient distraits et préoccupés par la nouvelle disparition intervenue au retour des vacances de Toussaint et par l’atmosphère de suspicion qui régnait depuis plusieurs semaines au collège.
-  « C’est horrible ! Déjà 5 garçons disparus… Du coup mes parents m’ont supprimé les réseaux sociaux parce qu’ils pensent que c’est un pervers qui recrute ses victimes sur Internet ! se plaignit Loanne.
-  Pfff… C’est n’importe quoi, je vois pas comment il ferait pour attirer autant de monde, se moqua Gwenaël, et puis ça toucherait des gens d’autres écoles…
-  Les miens m’ont interdit de sortir toute seule et de prendre le bus : maintenant ils viennent me chercher eux-mêmes au collège parce qu’ils flippent trop, ajouta Anaïs. C’est la psychose !
-  Moi aussi, dit Carèle, en jetant un regard en coin à sa mère, et puis y en a marre de se faire interroger par les gendarmes ! On n’est au courant de rien, nous !
-  Nous aussi, on se fait interroger, remarqua Mme Pichon, d’ailleurs c’est plutôt tendu en salle des profs…
-  Ah bon ? Pourquoi ? On vous soupçonne ? S’étonna Marion.
-  J’ai bien peur que oui ! Tous ces collégiens qui disparaissent, c’est un peu suspect, tout de même !
-  Oui, évidemment, surtout les nouveaux profs, en fait, compléta Carèle. Le pauvre M. Darmont, c’est sûrement pour ça qu’il a l’air super sombre et qu’il sursaute pour un rien.
-  Je suis sûr que c’est lui, il a l’air louche ! s’enflamma Sahel.
-  Apparemment non, il a un alibi solide, tempéra Mme Pichon. Il n’a jamais cours les lundis avant 10h et il accompagne ses enfants à l’école et chez la nounou à Nevers. Il y a plein de témoins pour le mettre hors de cause.
-  Alors c’est peut-être un parent d’élève ? Avança Julie, l’air sinistre.
-  Peut-être, qui sait ce qu… »
A ce moment précis, un fracas métallique fit sursauter les élèves et la documentaliste qui virent, effarés, tous les livres du CDI s’effondrer sur le sol à la suite de leurs étagères, comme un château de cartes.
-  « Tout le monde sous les tables ! s’écria Loanne.
-  Ben pour quoi faire ? Tous les livres sont déjà par terre, rétorqua Sahel, en agitant la main devant son visage pour dissiper la poussière.
-  C’est peut-être un tremblement de terre, lui répondit Gwenaël.
-  J’ai pas l’impression, le sol ne tremble pas et les élèves à l’extérieur ont l’air tout à fait calmes, remarqua Mme Pichon.
-  Quel boulot ça va faire, de tout ramasser ! S’exclama Julie.
-  Oui, je vais y passer un moment. Heureusement personne n’a été blessé, c’est le principal, on n’aurait pas besoin de ça en ce moment…
-  Eh bien il y en a au moins un qui n’aura pas à être rangé, regardez !
Sur l’étagère désignée par Anaïs, en effet, un livre noir épais mais de petit format, semblait être l’unique rescapé de la chute générale.
-  Je me demande ce que c’est, commenta la jeune fille en le récupérant sur la seule tablette encore debout.
-  On dirait un agenda, remarqua Carèle en regardant par-dessus son épaule.
-  Un agenda ? Qu’est-ce qu’il fait là ? Il y a un nom à l’intérieur ? demanda Mme Pichon en l’ouvrant. Océane Da Costa, 3e2… C’est qui ça ? Elle fronça les sourcils d’un air incrédule. Mais elle n’existe pas ! Elle n’a jamais été au collège !
-  Peut-être bien que si, regardez la date ! Sahel pointa le doigt vers le centre de la page : 1994/1995 !
-  Je me demande d’où il sort… Mme Pichon avait l’air mal à l’aise. Depuis le temps je l’aurais déjà vu, quand même… Décidément, ce collège est de plus en plus étrange, déjà que les femmes de ménage se plaignent d’entendre le piano de Mme Darocourt jouer des mélodies angoissantes quand elles nettoient les classes vides…
-  Ah oui, même que M. Duplaix a raconté qu’au deuxième étage elles voient parfois le soir une sorte de film bizarre pris depuis un véhicule quelconque avec un paysage de montagnes en noir et blanc qui défile… alors que les vidéos projecteurs sont tous éteints en fin de journée ! Rapporta Gaëlle.
-  Je vois pas le rapport avec les disparitions, franchement… rétorqua Carèle qui se souvenait avec un certain malaise d’avoir eu l’impression d’être suivie par un fantôme dans les couloirs.
-  En tout cas, nous les filles, on n’a pas à se sentir trop concernées par tout ça, tenta de la rassurer Marion. Après tout il n’y a que des garçons qui ont disparu.
Mais c’est quand même stressant…
Sahel, qui décidément ne prenait rien au sérieux, sortit du CDI en esquissant une petite danse bizarre et en fredonnant les quelques notes des dents de la mer, ce qui eut le grand avantage de faire rire toutes les filles et de détendre un peu l’atmosphère…