search

Accueil > CDI > Feuilleton > La Revanche - Episode 7

La Revanche - Episode 7

vendredi 31 mars 2017, par Sylvie Pichon

[AVERTISSEMENT : Bien qu’inspirés de la réalité, les personnages comme les événements de cette histoire sont totalement fictifs.]

Le vendredi précédent, le groupe chargé du tableau d’allemand était resté perplexe : le prénom rayé de la Liste, Stéphane, n’appartenait à aucun élève du collège ! Le tableau se serait-il trompé pour la première fois ? Y aurait-il enfin une pause dans le cycle infernal des disparitions ?
Malheureusement le lundi apporta un démenti cinglant à cet espoir : M. Candalh, qui portait ce prénom, n’avait plus donné signe de vie après son départ de chez lui à 7h30… Les médias ne manquèrent pas de faire remarquer que l’énigme s’épaississait encore et les spécialistes en psychologie criminelle en perdirent leur latin. Quel pervers enlèverait également des adultes ?
De leur côté, les 4e2 germanistes avaient réussi à mémoriser certains des prénoms de la liste et un plan de sauvegarde avait été décidé d’un commun accord : aucun des élèves de 4e2 dont le prénom serait rayé ne devrait sortir ou se rendre seul au collège jusqu’au vendredi suivant et un autre était désigné pour lui servir d’escorte à toutes heures du jour, en particulier le lundi matin pendant le trajet jusqu’au collège. Le sortilège empêchait malheureusement de prévenir les élèves des autres classes, comme cela avait été maintes fois vérifié.
Ce week-end-là, ce fut au tour de Thomas d’être sous la garde d’Alex-Mathis. C’est peut-être pour cette raison que c’est un Thomas d’une autre classe qui s’était évaporé… La nouvelle fut accueillie par les 4e2 avec un mélange de soulagement et de culpabilité : on ne pouvait probablement sauver un élève qu’aux dépens d’un autre…

Ce jeudi matin, Gaëlle parcourait le couloir sombre et vide du deuxième étage d’un pas vif. Elle ne voulait pas manquer la moitié du cours en allant chercher son manuel d’histoire-géo oublié dans son casier.
Elle eut soudain la sensation que le couloir se rétrécissait et plongeait un peu plus dans la pénombre. Sur les murs clairs, des taches rouges sombres commencèrent à apparaître, puis à s’étaler. Bientôt, un liquide vermeille s’écoula du plafond vers le sol où il dégoutta et se mit à former des flaques autour d’elle. Une odeur douceâtre et métallique envahit les narines de Gaëlle, provoquant un haut le cœur, tandis que ses jambes refusèrent de la porter davantage. Elle se sentait prisonnière d’un cauchemar où elle n’était plus maîtresse de ses mouvements. Sentant le liquide chaud et visqueux monter le long de ses chevilles, elle se recroquevilla sur place en gémissant doucement de terreur. Alors qu’elle pensait que cela ne pouvait pas être pire, des hurlements d’enfants terrorisés, entremêlés de sanglots et de cris de douleur s’élevèrent autour d’elle, ajoutant encore à l’atmosphère d’horreur. Terrorisée, elle poussa un cri strident alors que le sang lui arrivait maintenant aux épaules. Elle était désormais persuadée qu’elle allait s’y noyer lorsqu’elle entendit des pas précipités retentir…
M. O’leary se penchait sur elle d’un air très inquiet :
- « Que se passe-t-il Gaëlle ? Qu’est-ce qui t’arrive ? »
Toutes ses questions ne parvinrent pas à sortir la jeune fille de sa prostration. Pourtant rassurée par la vision du couloir à nouveau immaculé, elle ne réussissait pas à extraire un mot de sa gorge nouée.
A l’infirmerie, elle accepta sans mot dire le sac en papier que lui tendit l’infirmière, accompagné de conseils de respirations destinées à calmer sa supposée crise de panique, même si elle savait que cela ne servirait à rien.
Sa voix tremblait encore du choc et de la terreur ressentie lorsqu’elle relata son hallucination à ses amis du club lecture lors de la récréation suivante. Son récit fut reçu avec une consternation silencieuse et une angoisse morose bien loin de l’excitation des premiers temps.
Pour leur changer les idées, Mme Pichon leur annonça que d’après ce qu’elle avait appris en papotant en salle des profs avec M. Duplaix (grand pourvoyeur d’infos devant l’Eternel, précisa-t-elle avec un demi-sourire), M. Darmont avait été élève dans le collège au milieu des années 1990. Elle leur suggéra de faire des recherches sur des sites comme « Copains d’avant ».
A leur grande surprise, en plus des habituelles photos de classe ringardes, ils trouvèrent d’anciens articles de presse relatant un grave accident de car. Une trentaine de jeunes de deux classes du collège avaient trouvé la mort sur le chemin d’une station de ski lorsque leur bus était brutalement sorti de la route pour s’écraser dans un précipice alpin, 40 mètres plus bas. Inexplicablement, le jeune Etienne Darmont, 14 ans à l’époque, était le seul survivant ! Un miraculé, comme le nommeraient désormais tous les articles sur le sujet.
Cet élément éclairait l’affaire d’un jour tout nouveau…