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La Revanche - Episode 9

vendredi 14 avril 2017, par Sylvie Pichon

Un léger silence succéda au récit de Mister D, comme l’appelaient ses élèves, pendant que chacun essayait d’assimiler toutes ces informations nouvelles.
-  « Donc, s’exclama Sahel, ça pourrait être quelqu’un d’une des familles des victimes qui veut venger leur mort. Ça expliquerait tout !
-  Oui, c’est vrai, ça expliquerait les disparitions, la carte postale, les petits objets, les bruits et les films dans les salles… renchérit Gwénaël.
-  Ah oui ? Et la craie qui vole ? Le miroir qui explose et redevient intact ? Le sang qui coule des murs ? La classe « fantôme » dans les couloirs ? Les poursuivants invisibles ? Les livres du CDI ?... Et j’en oublie… Personne ne réussirait à faire ça, leur rétorqua Carèle.
-  Si ! Avec des effets spéciaux de cinéma ! Suggéra Sahel qui tenait à son hypothèse rationnelle.
-  Oui, et ma cicatrice, alors ? S’emporta Anaïs. Elle me fait de plus en plus mal et elle ne cicatrise pas : c’est un effet spécial, ça, peut-être ? J’ai l’impression d’être Harry Potter. »
Mme Pichon lui jeta un regard inquiet : un trait rouge et un peu gonflé lui barrait toujours la joue malgré le temps passé.
-  « C’est vrai, et ce n’est pas très rassurant : comment un morceau de miroir « fantôme » peut-il faire une vraie plaie, pour commencer ?
-  Et puis ça ferait vraiment beaucoup pour quelqu’un qui cherche juste à se venger, remarqua Carèle, ce serait franchement compliqué à mettre en place et ça n’aurait pas de sens… les disparitions, je veux bien, mais le reste…
-  N’oublions pas non plus que les gens ont l’air de littéralement s’évaporer… Personne ne voit jamais rien même quand ça se passe dans bus scolaire bondé et on ne sait toujours pas ce que deviennent les victimes… Ce serait de la prestidigitation, compléta Mme Pichon. Aussi bizarre que ça ait l’air, l’hypothèse de fantômes en colère est la plus réaliste…
-  Et l’agenda ? Il faudrait le montrer à Mr D, proposa soudain Marion. Peut-être qu’il pourra nous donner des explications sur son contenu ? »
Mme Pichon le sortit de son tiroir et le tendit au professeur de mathématiques qui le feuilleta en silence d’un air bouleversé, ses beaux yeux verts perdus dans le vague.
-« C’était celui d’Océane, finit-il par dire d’une voix rauque. On sortait ensemble à l’époque… C’était mon premier amour… Il soupira. Toute la classe avait signé et mis un petit mot gentil dedans… »
Son regard s’attarda sur la page signée « Etienne » en bleu turquoise, sur laquelle figuraient un court poème et un cœur rouge percé d’une flèche.
-  Nous l’avions fait avec tous nos agendas. Nous étions vraiment une classe unie… J’ai encore le mien chez moi, quelque part, mais ça fait longtemps que je n’ai pas eu le courage de le regarder…
-  Mais au fait ! Ce sont les noms qui apparaissent sur le tableau d’allemand, remarqua Carèle qui regardait discrètement par-dessus son épaule pendant qu’il parcourait le carnet, passant d’une page couverte de petites fleurs multicolores ou de smileys à une autre plus sobre ou remplie de têtes de morts hilares. »
Les germanistes du groupe lui expliquèrent rapidement le fonctionnement de la Liste qui apparaissait tous les vendredis avant de s’évanouir tout aussi mystérieusement, ne laissant que des souvenirs confus dans les esprits des élèves et de leur enseignante.
-  « C’est donc des gens qui portent les mêmes prénoms que mes camarades disparus qui sont enlevés, en conclut M. Darmont. Je ne l’avais même pas remarqué ! Il eut un petit rire de dérision. Ça ressemble bien à une vengeance…
-  C’est la revanche des morts ! S’exalta Mathilde.
-  Bon, en tout cas, on sait qui seront les prochains, mais pas dans quel ordre… C’est plus pratique qu’un tableau qui s’efface tout seul, cet agenda. Mais est-ce qu’on peut protéger tout le monde à la fois ? S’interrogea Loane.
-  Hé, mais dites-donc ! C’est que je suis dedans, moi ! S’alarma Anaïs qui voyait la Liste pour la première fois. Elle tripota sa cicatrice d’un air angoissé.
-  Bon, on verra vendredi prochain si c’est toi qui es rayée. En attendant ne t’inquiète pas trop, on garde un œil sur toi, la rassura Marion qui se sentait désormais hors de danger. »
Le groupe se sépara, l’esprit en ébullition, tâchant d’analyser tous les événements passés à la lumière des nouveaux éléments mis au jour. Restait à trouver un moyen de stopper les enlèvements, mais chacun sentait que l’affaire avançait enfin…
Le vendredi, pourtant, l’inquiétude des membres du Club lecture se raviva : comme elle le craignait, le prénom rayé était celui d’Anaïs…

[AVERTISSEMENT : Bien qu’inspirés de la réalité, les personnages comme les événements de cette histoire sont totalement fictifs.]