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La Revanche - Episode 13

jeudi 8 juin 2017, par Sylvie Pichon

Le vendredi matin, les quatre filles et Mme Pichon se rendirent ensemble au collège, déchirées entre la tristesse d’avoir perdu M. Darmont et l’espoir que la situation redevienne normale.
-  « C’était un merveilleux prof… Je n’ai jamais autant aimé les maths qu’en 4e . Gémit Anaïs, en larmes une fois de plus.
-  Arrête, maintenant ! Tu vois bien que ça ne sert à rien de pleurer ! La réprimanda Marion, excédée. Nous aussi on est tristes, on ne pleure pas pour autant ! Si au moins tu nous avais laissé dormir…
-  Tu oublies à quel point il était devenu bizarre, ces derniers temps, fit remarquer Julie. On avait toujours l’impression qu’il était là sans y être.
-  Oui, mais ça ajoutait à son charme, ce côté tourmenté et mystérieux. Corrigea Carèle qui faisait également partie du fan-club de son enseignant de mathématiques. »
Et les autres avaient beau faire meilleure figure, elles manquaient singulièrement d’entrain.
A la récré de 10h, Marion et Carèle arrivèrent tout excitées au CDI : la Liste n’était pas apparue sur le tableau d’allemand ! La cicatrice sur le visage d’Anaïs ayant également disparu pendant la nuit, il était désormais certain que la malédiction était levée.
Mme Pichon décida qu’il était temps de prévenir la Principale et de lui raconter toute l’histoire puisque désormais, en parler était devenu possible. Malgré son invraisemblance, elle fut répétée aux autorités qui estimèrent préférable de garder le silence : à supposer qu’eux-mêmes y croient, il était impossible de donner une telle explication aux familles et aux médias. L’enquête officielle ne fut pas abandonnée : il fallait de toute façon tenter de retrouver les disparus qui, jusqu’à preuve du contraire, étaient toujours vivants, quelque part…
Au bout de quelques jours, les journalistes, enfin convaincus qu’il ne se passerait plus rien, avaient levé le camp, laissant derrière eux un parking vide et un grand calme.
Un remplaçant vint assurer les cours de M. Darmont, au grand désespoir de ses élèves qui estimaient avoir beaucoup perdu au change : il était petit, dégarni, un peu enrobé et très ennuyeux.
La fin de l’année arrivait, le spectacle de fin d’année et les voyages scolaires annulés, la tristesse planait sur le collège. Certes, plus personne ne s’évaporerait mystérieusement un lundi matin, mais le chagrin d’avoir perdu des amis et de ne rien savoir de leur sort serrait tous les cœurs. Rien ne semblait résolu…
Les élèves suggérèrent que soit organisée une cérémonie à la mémoire des disparus.
Les soir des vacances, élèves, enseignants, personnels et parents se réunirent dans la cour à la nuit tombée, au son du requiem de Fauré et allumèrent des lanternes chinoises qui s’élevèrent doucement dans le ciel piqueté d’étoiles. A chaque lâché de lanterne, la Principale prononçait le nom d’un des disparu et il sembla à Marion, Anaïs, Carèle, Julie et Mme Pichon que cette quasi répétition du rituel de l’exorcisme apporterait la Paix à leurs amis et professeurs manquants.
Où qu’ils soient désormais…

[AVERTISSEMENT : Bien qu’inspirés de la réalité, les personnages comme les événements de cette histoire sont totalement fictifs.]