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La revanche - Epilogue

vendredi 9 juin 2017, par Sylvie Pichon

Une quinzaine d’années plus tard, Carèle, pour un motif qui lui échappa sur le moment, ressentit le besoin de réunir ses anciens camarades du club lecture.
La plupart ne s’étaient guère revus depuis la fin du collège, séparés par leurs études et leurs vies professionnelles, mais ils avaient gardé le contact à travers les réseaux sociaux. Ils reparlaient souvent entre eux des événements de cette fameuse année surnommée depuis « L’année du castor » par dérision, mais ils restaient globalement plutôt traumatisés. Ils craignaient les courants d’air qui claquent les portes, les miroirs, les sons non identifiés, les visions du coin de l’œil, le sang et plus généralement les recoins sombres et froid qui les ramenaient systématiquement dans les couloirs du collège.
Ils décidèrent de passer une semaine dans les Alpes, pour s’aérer et faire de la marche. Malgré l’insistance de certaines, ils laissèrent leurs amoureux respectifs à la maison afin de pouvoir évoquer le passé, sans contraintes ni regards dubitatifs.
Etonnamment, tous avaient réussi à se libérer : Carèle, Anaïs, Marion et Julie, bien sûr, mais aussi Loane, Emilie, Gwenaël, Sahel, Gaëlle, Mathilde… Tous ceux qui savaient… Un gite avait été loué dans un site isolé, à quelques kilomètres à l’écart du plus proche village. Le petit groupe enchaînait les randonnées faciles, photographiait les marmottes, ramassait les fleurs sauvages et pique-niquait dans les prairies en se racontant leur vie. Les éclats de rire revenaient en écho entre les montagnes. Au bout de quatre jours, ils se sentirent prêts pour une randonnée plus difficile sur une journée complète.
Ils partirent à l’aube, sac au dos et carte IGN à la main faute de réseau dans les lieux éloignés où ils projetaient de se rendre. Malheureusement, en traversant un torrent à gué, Sahel tomba à l’eau et échappa la carte qu’ils virent partir au fil du courant. Si l’incident les fit bien rire sur le coup, ils se rendirent compte en fin de matinée qu’ils étaient perdus.
-  « C’est pas grave, affirma Sahel qui tentait désespérément de se rattraper auprès de filles, il suffit de suivre la pente et on arrivera dans un village.
-  Oui, regardez, on dirait une sorte de chemin, affirma Gwénaël en désignant une mince trace dans l’herbe.
-  Sauf si c’est une sente de chamois ! » Se moqua Marion.
Ils s’aperçurent rapidement qu’effectivement le nom de chemin était un peu usurpé mais après une heure à peiner dans un pierrier, ils tombèrent finalement sur une route où une gerbe de fleurs artificielles aux couleurs passées marquait un accident.
-  « Eh bien ! Fit remarquer Carèle en se penchant par-dessus le parapet. Ça fait une sacré chute !
-  Je crois que je sais où on est, assura Gwénaël, dès qu’on trouve un sentier qui descend vers la droite, on le prend : c’est un raccourci. »
Au bout d’un quart d’heure, le groupe passa à côté de l’extrémité d’un glacier.
-  « Regardez ! S’exclama AnaÏs en riant, on dirait des silhouettes prisonnières de la glace ! Comme dans L’Age de glace !
-  Ah mais oui ! Renchérit Loane. Sérieux ! Il faut qu’on aille voir de plus près ce que c’est ! »
Et c’est en plaisantant autour des histoires de dinosaures disparus qu’ils s’approchèrent du glacier.
-  « AAAhhh… ! crièrent les filles en chœur. Ya des gens, là-dedans !
-  Qu’est-ce qu’on fait ? Demanda Gaëlle. On appelle qui ? Les pompiers ? Les gendarmes ? Le SAMU ?
-  Vous avez du réseau, vous ? Interrogea Julie.
-  Non, il faut qu’on retourne à la route, proposa Loane. Qui vient avec moi ?
Emilie et Julie lui emboîtèrent le pas et remontèrent au pas de course vers la route qui serpentait plus haut pendant que les autres restaient sur place.
Rapidement, les secours affluèrent de la ville voisine et prirent les choses en main. Il s’avéra qu’il s’agissait des disparus de « L’année du castor », tous mystérieusement regroupés au même endroit et conservés par la glace.
-  « Ouah ! J’ai eu le 06 du beau pompier brun ! Pavoisa Marion en brandissant un petit bout de papier. Elle se pencha dessus d’un air triomphant : C’est le 18 !... »
Contre toute attente, les progrès de la science et l’excellent état de conservation des corps permirent de réveiller tous les disparus après ce long séjour en hibernation. Les familles et les proches furent appelés pour les identifier et les aider à retrouver la mémoire et une vie normale.
Lorsque Carèle, Anaïs et Marion entrèrent dans la salle dédiée, à l’hôpital, elles eurent la surprise de les retrouver inchangés : en quinze ans, eux n’avaient pas le moins du monde vieilli. En voyant Carèle, le bel Etienne Darmont crut reconnaître Mme Pichon, mais la jeune femme le détrompa en minaudant un peu, trop contente d’avoir enfin le même âge que son ancien professeur et de pouvoir l’aider à reconstruire sa vie…

[AVERTISSEMENT : Bien qu’inspirés de la réalité, les personnages comme les événements de cette histoire sont totalement fictifs.]