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Le Portail d’Outremonde - 24

vendredi 5 octobre 2018, par Sylvie Pichon

DERNIER EPISODE !

Chapitre 24 : Ariana

Deux semaines après notre mariage, une délégation de Sahirs, dont le père de Samuel, ma mère, ses trois conseillères et sa garde du corps nous rejoignent devant le Portail où Samuel, Manon et moi avons préparé le matériel nécessaire au rituel de clôture. Nous avons tapissé le sol de pétales de roses dont le pourpre sombre ondoie sous la lumière dansante des candélabres. Avec grand peine nous avons traîné jusque devant le Portail une très vieille table de chêne, lourde comme un âne mort, et y avons gravé les symboles mêlés des Shaïtans et des Sahirs. De l’encens élève ses volutes odorantes aux quatre coins de la table. Le parchemin contenant la formule magique est déroulé sur le dessus et maintenu par quatre pierres rouge sang provenant de Gerle Ad. La légende dit qu’elles sont faites du sang solidifié d’un dragon.

La Khaghän, vêtue comme nous toutes de la traditionnelle robe de soie noire, fendue au dos pour laisser passer nos ailes, s’avance vers l’autel. Je me place derrière elle, à trois mètres ; Manon à ma droite, une Ancienne à ma gauche et les quatre autres Shaïtans ferment le triangle entre elles deux et ma mère.

Elle brandit son sceptre d’obsidienne et prononce la formule magique d’une voix impérieuse.
-  « Occludit at Portam et ut qui non invenit amorem manet in hominibus »
Chacun des membres du triangle magique et les Sahirs qui nous encadrent répètent la formule après elle douze fois. Le Portail se met à luire d’une vive lumière bleue et l’image de Gerle Ad apparaît nettement avant de se mettre à ondoyer. Le sol tremble, les colonnes du portail s’agitent dangereusement et un grondement sourd s’élève. Un flash d’un bleu intense nous éblouit, accompagné d’un bruit fracassant. Puis tout s’arrête, nous laissant aveuglés dans la pénombre revenue.
Le Portail définitivement éteint ressemble désormais à une simple niche sombre creusée dans le mur de la caverne. Notre groupe de Shaïtans a retrouvé son apparence humaine. Nous avions beau nous y attendre, cela nous laisse sans voix, un peu tristes, également, à l’idée d’avoir perdu pour toujours nos vrais corps, leurs pouvoirs, leurs sens aiguisés, leurs ailes… et leur immortalité !

Nous quittons tous le souterrain d’un pas lent, en silence, comme à regret, et nous montons à l’étage, dans l’appartement de Samuel où un cocktail, préparé par sa mère (et un traiteur chic de Bourges) nous attend pour fêter le traité de paix et notre mariage, célébré dans l’intimité.
La Khaghän, majestueuse comme à son habitude, lève son verre dans notre direction.
-  « Aujourd’hui nous fêtons la Paix enfin retrouvée entre nos deux peuples et bien-sûr, l’amour ! » ajoute-t-elle en nous adressant un des sourires froids dont elle a le secret. « A ce propos, j’ai l’honneur de vous présenter mon fiancé, Christophe Barghest. »
Elle se tourne alors vers l’oncle de Samuel, un bel homme d’une cinquantaine d’années, aux cheveux gris très courts et aux yeux bleus perçants et glacés. Le regard qu’il lui jette est pourtant étonnamment empli d’admiration et de quelque chose de presque brûlant. J’en conclus qu’elle a eu le temps de faire usage de son pouvoir sur lui avant d’y renoncer pour toujours. Samuel félicite son oncle d’une bourrade virile à l’épaule, un sourire légèrement ironique aux lèvres :
- « Bonne chance, mon vieux ! Tu vas voir, les filles de la famille sont tout à fait adorables ! »
Ma mère lui jette un regard lourd de sous-entendus :
- « Irrésistibles, en tout cas ! » répond-elle du tac au tac.
Sabrina coupe court au duel verbal qui s’annonce en s’interposant pour nous offrir officiellement notre cadeau de mariage : deux billets pour un tour du monde. Le départ est prévu pour demain matin et nos bagages sont déjà bouclés dans notre chambre. J’avoue que j’attends avec impatience de découvrir mon nouveau monde en compagnie de mon mari tout neuf !

Note à moi-même : Penser à prendre le flacon d’anti moustique avant de partir, il semble y en avoir un peu partout dans le monde…
Note à moi-même : …et cacher mes poignards dans la valise, Sabrina m’affirme qu’ils ne passeront jamais les contrôles de sécurité.

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