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Les Oeufs du destin - 1

vendredi 23 novembre 2018, par Sylvie Pichon

Chapitre 1 : Boulet & pizza froide

Eloïse claqua violemment la porte d’entrée de chez son amie Cassiopée, faisant trembler les vitres et fuir le chat qui se carapata dans les escaliers, la queue hérissée.
-  « Eh ! Qu’est-ce qui t’arrive encore ? S’exclama Cass, sortie sur le palier de sa chambre et réconfortant son chat affolé. S’il-te-plaît, arrêt d’utiliser tes pouvoirs devant Diablo, tu sais bien qu’il ne supporte pas ! » Ajouta-t-elle, sévère.
Le chat ponctua cette réprimande d’un miaulement indigné, jetant à Eloïse un regard furieux de ses yeux vairons. Avec son pelage uniformément noir, il ressemblait vraiment à la créature dont il portait le nom.
-  « J’en ai marre ! S’emporta Eloïse, faisant fi de leur désapprobation. Quand est-ce que mes parents vont enfin me laisser utiliser mes pouvoirs ? »
-  « T’inquiètes, ton tour viendra bien assez tôt et je ne suis pas sûre que tu trouveras ça tellement amusant de garder le portail. »
-  « Oui, mais balancer des trucs à la tête du Balrog, ça doit être tellement fun ! Soupira le jeune fille avec envie. »
-  « Raconte ça à Clarissa qui s’est fait couper la jambe par son fouet l’année dernière ! Elle aussi, elle trouvait ça drôle, avant ! » La tempéra Cassie.
-  « Arrête ! Tu sais bien qu’elle n’est pas douée… J’aimerais juste que mes parents me prennent enfin au sérieux. »Se lamenta Eloïse pour la centième fois depuis son quinzième anniversaire.
-  « Allez, arrête de rouspéter pour rien. Viens donc t’avachir avec moi sur le canap’, on va entamer la pizza et la saison 4 de « Vampire diaries »
La pizza et l’épisode 2 étaient déjà bien entamés, lorsque la porte claqua de nouveau et qu’un juron résonna dans l’entrée, accompagné d’un bruit de verre brisé.
-  « Ah ! saleté de chat ! Toujours dans les pattes ! Oups, désolé, Cass, je viens de casser ton portrait de maternelle, je crois ! Mmmmh… T’étais mignonne avec des couettes ! »
Les deux filles se regardèrent avec un air consterné.
-  « Mais quel boulet, ce type ! Tu pouvais pas rester chez toi, Alric ? »
Une silhouette longiligne aux cheveux très noirs parsemés d’épis s’encadra dans la porte du salon, un sourire indulgent sur les lèvres.
-  « Quel accueil ! Et en plus on a le droit à une pizza froide et à une série niaise ! J’aurais voulu manquer ça pour rien au monde ! »
Alric passa les jeunes filles en revue, l’une aussi brune que lui, l’autre acajou sombre, et nota immédiatement l’air maussade d’Eloïse.
-  « Alors Elo, toujours aussi souriante ? T’es pas de service au Portail ? Oups ! J’oubliais ! Non, bien sûr, nos parents ne veulent pas ! »
Eloïse ne daigna pas répondre mais lui jeta un regard noir et la télécommande dans la tête. Il esquiva en riant et se laissa lourdement tomber juste à côté d’elle, projetant le reste de pizza sur eux deux.
-  « Ah, mais quel boulet ! » S’exclamèrent les filles en chœur tandis qu’il ramassait les morceaux de pizza au sol, disputant les tranches de chorizo au chat.
-  « Vous savez quoi ? Cet après-midi, aux toilettes, il m’est venu une idée… »
-  « Oh, épargne-nous les détails, on était en train de manger, je te signale. »
-  « Non, non, mais attendez ! C’est génial ! Vous vous souvenez de la formule de fermeture du Portail ? »
-  « Euh… »
-  « Elle dit en gros que le Portail doit se fermer et que tous ceux qui n’ont pas trouvé l’amour resteront parmi les hommes. »
-  « Ouiiii… et alors ? » Demanda Cassiopée, perplexe.
-  « Et alors ? Tout le monde n’est PAS venu parmi les hommes ! »
-  « Tu parles de quoi, là ? »
-  « Des prêtres ! Ils sont restés à Gerle Ad ! Du coup tous ceux qui n’ont pas trouvé l’amour ne SONT PAS parmi nous. Ce qui annule le sort de fermeture ! »
-  « Mouais… Commenta Eloïse, dubitative. Tu ne crois pas que les adultes y auraient déjà pensé ? ça fait seize ans qu’ils se triturent les méninges à ce sujet, je te signale. »
-  « Pas forcément ! On voit difficilement ses propres erreurs. Ça ne t’est jamais arrivé en maths de te relire vingt fois sans parvenir à voir d’où vient ton résultat faux ? Là c’est pareil. Et puis personne n’est aussi génial que moi, je vous signale ! »
Les filles, hilares, se mirent à crier leur désapprobation et lui lancèrent à la tête tous les coussins du canapé.

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