Lorsque j’ouvre enfin les yeux, il me faut un certain temps pour accommoder ma vision sur le plafond parsemé de ce qui semble être des étoiles fluorescentes (!!) pas du tout réalistes… Un petit coup d’œil à droite et à gauche sur le lit et la chambre et je prends peur. Mon affreux mal de tête ne va pas passer de sitôt en contemplant les hideux posters de garçons à gros bras couverts de tatouages sans queue ni tête et à mines patibulaires qui « décorent » les murs couverts de papier peint rose, assortis aux rideaux parsemés de licornes et d’arc-en-ciel (!!). Beurk ! Il va falloir remédier à ça très vite si je ne veux pas avoir la nausée tous les matins.

En m’approchant du miroir en forme de cœur (!!), je crains le pire. Non sans raison, hélas : le combi-pyjama mauve à motif petits chats (!!) et mes cheveux noirs raplaplas et emmêlés ne sont pas du meilleur effet. L’ouverture de mon armoire achève de me déprimer : en matière vestimentaire le gris souris semble être ma couleur préférée et le sportswear mon style dominant. Rebeurk ! Oui, eh bien les choses vont changer ! En attendant je vais avoir du mal à me dégotter une tenue acceptable pour la rentrée…
Arzagoth merci, ma silhouette élancée, mes yeux ambre doré, mes cheveux noirs ébène et mon joli minois aux pommettes hautes constituent une base prometteuse dont je parviendrai à faire quelque chose sans trop d’efforts.

Une heure et demie plus tard (et oui, il faut ce qu’il faut !), un complexe entremêlage de tresses de tailles et de styles variés, un jean noir délavé découpé çà et là au cutter, un t-shirt noir trop petit, une longue écharpe argentée à paillettes passée négligemment autour du cou, des escarpins noirs et du maquillage sombre piqués à ma mère constituent un look quasi acceptable pour faire mon entrée au lycée. Le silence sidéré de mes parents lorsque je les rejoins à la cuisine pour le petit déjeuner me semble en tout cas de bon augure. Mais un brin de shopping s’impose de toute urgence, comme je l’explique à ma mère : impossible de reproduire le même miracle une deuxième fois avec l’assortiment calamiteux que renferment mes placards. Et pour être honnête, les siens ne m’inspirent guère plus. De toute évidence, je ne suis pas tombée sur des reines de la mode. Quand je pense au temps que j’ai passé à potasser des blogs sur le sujet !

Note1 : Lire et relire mon journal intime trouvé en farfouillant dans mes sous-vêtements, afin de ne pas faire de gaffe. Qui joue le rôle de ma « meilleure amie » ? Qui ne m’aime pas ? Ai-je un « petit ami » ?
Note2 : Trouver une explication rationnelle pour mes parents qui ont l’air catastrophés par, je cite, « mon attitude étrange ». Auprès de qui se renseigner pour gérer des parents inquiets ?

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