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La Revanche - Episode 3

vendredi 17 février 2017, par Sylvie Pichon

[AVERTISSEMENT : Bien qu’inspirés de la réalité, les personnages comme les événements de cette histoire sont totalement fictifs.
Certains contenus sont susceptibles d’impressionner les lecteurs les plus sensibles...]

Le mardi à 10h, toute la cour bruissait d’une rumeur : il se disait qu’un élève avait disparu.
La discussion se poursuivit au CDI.
-  « Je vous jure, c’est un élève de 6e, affirma Mathilde.
-  Apparemment il n’était pas là lundi et il aurait disparu sur le trajet entre chez lui et le collège, compléta Gaëlle.
-  Ah bon ? J’ai entendu dire que c’était un 4e et qu’il s’appelait Anthony, la contredit Sahel.
-  Je ne sais pas, rétorqua Anaïs, dubitative, on a un Anthony dans notre classe et il est présent aujourd’hui…
-  C’est bien un Anthony de 6e, les interrompit Mme Pichon. Il n’était pas là ce matin en cours de CDI et il paraît qu’il est recherché par la police depuis lundi matin, c’est écrit dans le JDC ajouta-t-elle en brandissant le journal local. Espérons qu’il ne lui est rien arrivé de grave… Ses parents doivent être super inquiets ! J’imagine qu’ils vont diffuser un avis de recherche national… »
La sonnerie de fin de récré dispersa les élèves qui se précipitèrent pour récupérer leur sac à l’entrée du CDI.

A 10h15, Monsieur Darmont envoya Carèle à la Vie Scolaire pour rapporter des documents de rentrée signés par les parents.

Alors qu’elle traversait le long couloir désert et silencieux du premier étage, elle réalisa que la température était devenue glaciale : de la buée sortait de sa bouche lorsqu’elle respirait. Elle resserra son manteau contre elle d’un geste nerveux.
Il lui sembla entendre des pas légers derrière elle et un bruit de respiration hachée. Tournant légèrement la tête pour jeter un regard en arrière, elle ne vit personne.
Reprenant sa marche, elle eut à nouveau l’impression d’être suivie, mais elle essaya de se convaincre qu’il ne s’agissait que des battements accélérés de son cœur.
Soudain, la lumière s’éteignit et elle allongea le pas, certaine d’apercevoir du coin de l’œil une silhouette sombre qui la suivait. Et pourtant cette illusion se dissipait chaque fois qu’elle trouvait le courage de tourner complètement la tête.
En fait, plus elle marchait vite, plus les pas accéléraient derrière elle…
Pressée de retrouver des lieux plus fréquentés, elle se précipita dans les escaliers sans prendre le temps de rallumer la lumière et se mit à descendre les marches quatre à quatre.
Dans sa hâte, elle trébucha sur un obstacle invisible, atterrit brutalement sur le palier, un bras tendu en avant pour ne pas s’écraser sur le mur d’en face, et se tordit violemment la cheville.
Désormais affolée et persuadée que son poursuivant invisible venait de lui faire un croche-pied, elle se rua en clopinant malgré la douleur qui lui coupait le souffle dans la dernière volée de marches puis courut jusqu’à la porte de la Vie Sco.

Hors d’haleine, en larmes, mais grandement soulagée d’être enfin arrivée à bon port, elle déposa sa liasse de feuillets pitoyablement froissés lors de sa chute et supplia qu’on l’accompagne jusqu’à l’infirmerie pour faire soigner sa cheville foulée.
Pour rien au monde elle n’aurait voulu se déplacer à nouveau seule dans les couloirs désertés et encore moins remonter jusqu’à la salle de maths.

En fin de matinée, lorsqu’elle rejoignit sa classe, rassurée par la foule qui s’y pressait, elle constata que la température des couloirs étaient revenue à la normale et personne ne semblait avoir remarqué quoi que ce soit d’inhabituel.
Dans l’atmosphère désordonnée et joyeuse du dernier intercours de la matinée, sa mésaventure lui sembla un simple tour joué par son imagination et si elle parla de sa cheville tordue, elle évita d’évoquer la terreur qui l’avait accompagnée…