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Les Oeufs du Destin - 6

mardi 22 janvier 2019, par Sylvie Pichon

Chapitre 6 : Griffes & ailes

Alric attrapa Eloïse sous les bras et la traîna laborieusement derrière un énorme rocher déchiqueté, ne serait-ce que pour ne plus voir le Balrog qui écumait de frustration à une centaine de mètres de là.
-  « Eh ! Ça va pas, non ? Je ne suis pas un sac, tu me fais mal ! »
-  « Arrête de te plaindre, je viens de te sauver la vie, je te signale ! »
-  « Tu rigoles ! Je suis en train de me vider de mon sang ! »
-  « Arrête de dramatiser et sois sage, rétorqua Alric en fouillant dans son sac à dos. Je vais même pouvoir te soigner… »
Il exhiba triomphalement sa trousse de secours et commença à désinfecter la plaie pendant qu’elle serrait les crocs pour éviter de geindre. Elle avait le teint gris et semblait souffrir le martyre.
-  « Oui, je sais, ça fait mal, mais comme le fouet est brûlant ça saigne à peine… Tu veux un bisou magique ? » Proposa-t-il en sortant une aiguille pour recoudre la longue plaie qui lui balafrait la cuisse.
-  « Non ! Plutôt mourir de gangrène ! » Répondit-elle d’une voix blanche en détournant la tête pour ne pas voir ça.
-  « Tu peux me passer la pommade cicatrisante ? Demanda-t-il à Cassiopée qui avait regardé toute l’opération d’un air mi dégoûté mi admiratif. Et maintenant, les bandages… » Continua-t-il, concentré sur sa tâche.
-  « Tu vas pouvoir marcher, Elo ? Il ne faut pas qu’on traîne à découvert trop longtemps. S’inquiéta Cassiopée en l’aidant à se relever. Tu pourrais utiliser un des katanas comme béquille… »
La jeune fille tenta de faire quelques pas en grimaçant puis renonça avec découragement.
-  « Je ne pourrai jamais vous suivre. Déclara-t-elle d’une voix qu’elle espérait ferme. Continuez sans moi, je réussirai bien à retraverser le Portail et je vous enverrai de l’aide… »
-  « Non ! Pas question ! On ne va pas t’abandonner à la première épreuve ! Je vais escalader le rocher : avec un peu de chance je verrai un endroit où nous cacher en attendant que tu ailles mieux. Les Shaïtans guérissent vite, il paraît. Alric, fais-moi la courte échelle ! » Ordonna Cassiopée.
Le jeune homme l’aida à monter les premiers mètres, puis elle poursuivit son escalade avec agilité.
-  « C’est trop sympa, les griffes, pour grimper ! Constata –t-elle, toute excitée. Par contre, mauvaise nouvelle, il n’y a rien aux alentours à part des rochers, des rochers et encore des rochers… Ah oui, et des cailloux, aussi, des fumerolles bleuâtres… Humf… Je ne vois aucun endroit où on pourrait se cacher. » Elle tourna sur elle-même dans tous les sens sur le sommet pointu du rocher, Nero voletant autour d’elle en croassant.
-  « Il essaie de te dire quelque chose », suggéra Eloïse, que le manège du corbeau intriguait.
-  « Oui ben arrête, Nero ! Tu m’énerves et je comprends rien, alors… Aaahhh ! »
La jeune fille perdit l’équilibre et tomba du rocher en battant désespérément des bras. Elle vit avec horreur les arrêtes de pierre aigües et coupantes comme des rasoirs se rapprocher de son visage. Soudain, dans un claquement sonore, ses grandes ailes noires se déployèrent et interrompirent sa chute. Elle poussa un cri de surprise, auquel répondit celui de ses amis ébahis, et, d’un battement d’ailes, s’éleva de plusieurs mètres au-dessus du rocher.
-  « Waaoouuhh ! c’est magique ! Je sais voler ! »
-  « Je crois que c’est ce que voulait nous dire Nero… Commenta Alric, un grand sourire aux lèvres, après quelques secondes d’un silence stupéfait. Tu ne peux pas marcher, Elo, mais tu peux voler ! »
-  « Tu crois ? Je ne l’ai jamais fait… Je ne sais même pas comment décoller… » Remarqua la jeune fille, dubitative.
-  « Tu vas voir, c’est tout bête ! Il suffit de battre des ailes, ça vient d’instinct ! » S’enthousiasma Cass, euphorique, qui s’essayait à diverses manœuvres au-dessus de leur tête avec une aisance étonnante pour une débutante.

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