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Le Portail d’Outremonde - 11

lundi 12 mars 2018, par Sylvie Pichon

Chapitre 11 : Samuel

Vautré sur le canapé, l’ordi portable sur les genoux, je papote avec ma mère de tout et de rien (enfin, surtout de rien) jusqu’à ce que je trouve le bon moment pour poser la question qui me turlupine.
-  « Ah, au fait, tu crois que ce serait possible pour un Sahir d’avoir vraiment le sang doré ? »
-  « Pfff, les vieilles légendes l’affirment, apparemment seulement quand les Shaïtans sont présents. Mais franchement, je n’y crois pas trop. En plus cela remonte à cinq siècles et notre sang s’est bien dilué depuis. Je pense que c’est surtout du folklore… Pourquoi ? »
-  « Oh, ben euh… Comme ça… J’ai lu un vieux bouquin qui racontait l’histoire d’une Shaïtan qui avait épargné un Sahir parce que son sang coulait doré. »
Elle se met à rire.
-  « Oh mon Sammy ! C’est de la romance, ça ! D’ailleurs les Shaïtans femelles sont la plupart du temps plus féroce que les mâles et ce sont elles qui dirigent les clans. Ce qui te manque, mon chéri, c’est une copine. A moins que tu n’aies une bonne nouvelle à m’annoncer ? »
La conversation dérape et je me sens rougir dangereusement. Il est temps d’éluder et de couper court. Le silence revenu me laisse tout entier livré à mon imagination qui dérape elle aussi allégrement, ces temps-ci. Ah, les lèvres d’Ariana qui se rapprochent…

Au lycée, elle vient désormais systématiquement me saluer et me taper la bise (elle en profite pour m’étreindre, bien entendu) sous les regards jaloux des autres garçons. Elle me propose un nouveau rendez-vous pour finir l’exposé, en me suppliant d’enfermer Nero avant son arrivée. Son sourire me fait craquer mais je feins d’accepter avec réticence. Je lui promets également de lui prêter des grimoires racontant l’histoire des Sahirs.

Le mercredi après-midi, lorsqu’elle arrive chez moi (sexy en diable, comme à son habitude), la gêne entre nous est palpable. Du coup, nous nous mettons rapidement au travail et nous avons fini l’exposé dès 15h30. Ariana en profite pour m’interroger sur le rôle des Sahirs. Je lui apprends que nous sommes le bouclier qui protège le monde des humains contre la cruauté des démons et que nous les empêchons de s’installer durablement parmi nous. Elle me demande pourquoi ils tiennent tellement à venir de notre côté et je lui explique que leur monde est sinistre et désolé, envahi de déserts et de vapeurs azurées. Peu accueillant et propice à la vie, pour tout dire. Malheureusement la cohabitation sur Terre avec eux s’est révélée impossible et nous avons le devoir de rendre leurs corps à leurs propriétaires humains. Elle a l’air sincèrement impressionnée.
-  « Ah mais c’est génial ! En fait, t’es un peu comme un super héros ! Je veux absolument t’accompagner dans tes traques ! Je serai ton Robin et tu seras mon Batman ! »
-  « Je ne suis pas sûr que tu réalises à quel point les Shaïtans sont dangereux. Il leur suffit d’un coup de griffe ou de croc pour te trancher la gorge. Ils voient, entendent et sentent beaucoup mieux que nous, se déplacent très rapidement et silencieusement ! Je me suis entraîné dur pendant des années pour pouvoir espérer les vaincre. »
-  « Eh ! Mais je fais du close-combat et je suis plutôt douée, comme tu as pu le constater l’autre jour. Je n’ai pas eu beaucoup de mal à te maîtriser, je te signale. »
-  « Oui, bon d’accord, admettons, mais tu as surtout eu de la chance et tu m’as pris par surprise. »
-  « Oh, ne sois pas si mauvais joueur ! Alors je peux ? Je te promets que je ne me mettrai pas en danger et que je suivrai tous tes conseils à la lettre. Je te serai utile, je surveillerai tes arrières. »
Je finis par céder devant son insistance et ses promesses d’être prudente et obéissante (quoi que j’aie mes doutes à ce sujet). Et puis avouons-le, la perspective de patrouiller avec elle n’est pas pour me déplaire. Je suis presque déçu lorsqu’elle m’apprend qu’elle ne pourra pas m’accompagner dans mes rondes du week-end à cause d’une réunion de famille, mais dès mercredi prochain, elle sera là à minuit tapante.
-  « Avec la tenue adéquate, c’est promis ! » Ajoute-t-elle avec un des clins d’œil dont elle a le secret et qui me laissent tout chose.
Comme cette semaine me paraît longue, tout à coup !

Note à moi-même : Tenir Ariana le plus possible éloignée du danger et profiter de ce week-end pour repérer les lieux les moins sûrs et les points de repli possible.

Note à moi-même  : Passer ma tenue de patrouille à la lessive.

Note à moi-même : Ne surtout pas évoquer sa présence dans mes rapports. Je ne sais pas pourquoi, mais je me rends compte que je passe mon temps à mentir à mes parents depuis que je suis à Nevers. Je commence à ressembler à Pinocchio…

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