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Métamorphoses - Chapitre 2 : Sam

lundi 2 décembre 2019, par Sylvie Pichon

Lorsque je m’engage dans les escaliers de l’internat, j’aperçois Mya qui disparaît au palier supérieur. Franchement, ça me rassure de la savoir là avec moi : je suis du genre à avoir du mal à me faire des amis et en avoir une sur place me facilitera les choses.

Notre ancien collège de campagne, trop petit et trop vide a été fermé en fin d’année dernière et nous avons été quelques-uns à être réaffectés dans ce collège privé, bien plus coté, parce que nous acceptions d’être internes.
Mya et moi avons eu vite fait de choisir entre la chance d’études tous frais payés dans cette école élitiste et le confort tout relatif de notre vie de famille. On ne peut pas dire que nos anciens camarades nous manqueront, mais je ne verrai plus ma petite amie Alice que pendant les week-ends et les vacances. Elle me manque déjà… Si seulement j’avais pu la convaincre de nous suivre ! Mais pour elle, la famille, c’est sacré.

Je m’efforce d’afficher un sourire assuré et chaleureux à la fois (je me suis entraîné devant mon miroir tout l’été) en entrant dans ma chambre, la numéro 3. Manque de chance, mes deux futurs voisins me jettent un regard hostile : de toute évidence, je ne suis pas le bienvenu. J’ai l’habitude, mais j’attendais mieux pour mon nouveau collège, surtout qu’on nous avait vanté les bienfaits de l’internat pour se faire des amis pour la vie…
- « Rôooo, moi qui espérait qu’on serait tranquilles, cette année ! » Proteste le petit brun élégant aux yeux noisette.
- « Ouais t’as raison, encore un boulet ! Ou plutôt une boulette ! » Ricane son camarade, une grosse brute à l’air content de lui-même, après une seconde de réflexion.
Je me sens littéralement dégonfler, mon sourire encore stupidement plaqué sur mon visage. Je fais une dernière tentative en tendant la main :

- « Bonjour, je m’appelle Sam. Désolé de vous embêter, mais je n’ai pas choisi ma chambre non plus… Je viens du collège de Mirande, qui vient de fermer… »
Même à mes oreilles, ma tentative pour être sympa sonne pathétique et peu convaincante.
- « J’vais m’y rende’ ! » Minaude le plus grand, d’une façon exagérément efféminée, en agitant les mains comme une danseuse Thaï.
Super ! Ça fait cinq minutes qu’en se connaît et il se moque déjà de ma façon de parler. Je sais que je ne suis pas très viril mais j’espérais être mieux accepté dans cet établissement. Après tout, ils sont censés être « la crème de la crème » des élèves, selon notre ancien Principal. Mais visiblement, ils sont aussi intolérants que les autres.

J’installe donc mes affaires sans faire de commentaire, espérant me faire oublier. En ouvrant un des placards, je marque un temps de surprise : il est rempli à ras-bord de crosses, casques et protections pour le hockey, le sport phare de ce collège.
-  « J’avais pas assez de place pour tout ranger de mon côté, alors j’ai utilisé le tien, vu que nous étions censés n’être que deux… J’espère que ça ne te dérange pas. Réagit le petit brun. Je rangerai tout au vestiaire du gymnase dans quelques jours... »
- « Non, non t’inquiète, de toute façon, j’ai pas grand-chose, question garde robe ! »
- « Garde robe ! T’as des robes, en plus ? » Ricane le grand imbécile m’imitant une nouvelle fois en feignant de défiler comme un mannequin.
Je ne peux pas m’empêcher de virer tomate, moitié embarras, moitié colère. Cette année commence vraiment bien !
- « Laisse tomber, Noa, t’es même pas drôle… Lui enjoint son copain qui sourit pourtant largement. Au fait, je m’appelle Tim, ajoute-t-il sans pourtant daigner me tendre la main. »
Tim et Noa, donc… Mes futurs meilleurs potes, aucun doute là-dessus ! Enfin Tim a l’air un peu plus sympa, je finirai peut-être par réussir à m’entendre avec lui, si je fais des efforts…

D’en face, des éclats de rire et des exclamations joyeuses me parviennent depuis le début de mon installation. J’avoue que c’est plutôt ce type d’ambiance, dont je rêvais. Mais bon, sans doute se connaissent-ils depuis longtemps et rien ne m’empêche de me faire des amis dans les autres chambres...

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