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Rose me raccompagne dans notre chambre et m’aide gentiment à me déshabiller et me coucher. Elle va même jusqu’à me border et mon cœur se serre en pensant à l’époque où ma mère allait bien et me racontait une histoire avant de dormir.
 « Tu veux que je reste avec toi ou tu préfères que j’appelle Sam ? »
 « Non, il risque d’avoir des ennuis et puis je ne veux pas que tout le monde sache ce qui s’est passé. Surtout les adultes ! »
 « Il faudra pourtant que nous allions leur parler, demain… Au moins au professeur principal… » Me dit-elle avec douceur.
Je sais qu’elle a raison mais à la perspective de devoir affronter tout cela, les larmes me montent aux yeux et je détourne la tête vers le mur, pour que Rose ne les voie pas.
Pas dupe, elle s’assied au bord de mon lit et prend ma main dans la sienne.
 « Je serai avec toi, me rassure-t-elle, je ne te laisserai plus tomber, je te le jure. »
Elle m’interroge alors sur ce qui m’a amené dans ce collège, sur ma vie dans l’ancien et petit à petit je me surprends à lui parler de ma famille dysfonctionnelle, de mes inquiétudes à propos du mariage et du bébé, de la façon dont nous avons été persécutés par la bande de Maud. Rose m’écoute comme personne ne l’avait fait avant elle, pas même Sam, et je lui raconte des choses que je n’avais jamais osé dire, car je sens qu’elle comprend et que cela lui importe vraiment. Régulièrement, elle me tend un mouchoir, qu’elle prend dans la boîte de Jade, et curieusement, ce détail me réconforte.

A la fin de mon récit, son air horrifié et consterné à la fois me dit qu’elle n’avait jamais réalisé l’ampleur des dégâts. Elle me serre très fort la main et se penche pour déposer un baiser sur mon front.
 « Je suis vraiment désolée. Je sais que vous nous avez demandé de l’aide et on vous a envoyé balader. Les autres ont vraiment mal pris votre tentative de chantage. Surtout Chris, qui est notre Alpha, ici, et en charge de la bande… Mais il n’est pas méchant, l’excuse-t-elle en rougissant, c’est lui qui a pris Mathieu sous son aile, en 6e, parce qu’il était tout petit et plus jeune d’un an… Je te promets que je vais leur parler et que nous allons vous aider. »

  « Vous allez les aider à quoi, ces minables ? Demande Maud qui vient d’entrer dans la chambre pour se coucher. A être moins cassos et à savoir s’habiller ? Je vous souhaite bon courage ! »
Sa voix gouailleuse et trop aiguë me fait me recroqueviller dans mon lit, ce qui n’échappe pas à Rose dont les sourcils se froncent, juste une seconde. Elle se redresse de toute sa hauteur.
 « On ne t’a jamais dit que la méchanceté donnait des rides particulièrement laides ? » Réplique-t-elle sur un ton inhabituellement glacial, même pour elle.
Maud émet un ricanement qui se veut méprisant mais ne trouve rien à répliquer et je regarde avec une admiration renouvelée cette fille capable de couper le sifflet à la Peste en Chef.
Nous échangeons un sourire complice et Rose s’éloigne de son pas léger. Pour la première fois depuis très longtemps, je me sens protégée.

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