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Métamorphoses - Chapitre 20 : Chloé

lundi 11 janvier 2021, par Sylvie Pichon

La séance de sauts de haies, en EPS, me fournit une bonne excuse pour arrêter la danse et libérer mes mercredis après-midi : j’ai terminé l’heure en boitant et le médecin a été catégorique : je dois éviter de solliciter mon talon d’Achille pendant plusieurs mois et donc arrêter le sport. Je me sens euphorique, persuadée que l’Univers est avec moi, pour une fois !

Le match de hockey est génial, comme Chris me l’avait promis, et j’ai lui ai hurlé mes encouragements pendant deux heures, surexcitée. Quand il joue, il est tellement… rapide, agile, magnifique, en un mot… parfait ! Rose, Lio, Mya et Sam me regardent régulièrement en riant de me voir si enthousiaste, tout d’un coup, alors que je n’avais jamais assisté à aucun match auparavant. Je suppose qu’ils ne sont pas dupes. Je ne me fais aucune illusion en ce qui concerne les jumelles, également : mon nouveau rôle de cheerleader leur arrivera rapidement aux oreilles. En attendant, je savoure l’instant.
À la fin du match, gagné par notre équipe, je descends sur la pelouse avec les filles et Sam pour féliciter les joueurs, mais je m’arrête à quelques pas de Chris, incertaine. Je peux lui sauter au cou, comme les autres, ou pas ? Après tout, nous ne sommes qu’amis et nous ne nous sommes parlé qu’une seule fois… Pourtant, Chris, qui fait une accolade chaleureuse à chacun de ses amis, m’en fait une à moi aussi, ce qui me fait rougir abominablement au grand amusement de Rose et Mya. Puis il s’éloigne avec son équipe, comme si de rien n’était et je me retrouve toute bête. Peut-être que je ne suis vraiment qu’une amie, pour lui ? Après tout, comparé aux miens, ce serait déjà pas mal, je suppose.

Je passe une fin de semaine bizarre : je m’efforce de rester le plus possible à distance de mes amis, en inventant toutes sortes d’excuses pas toujours très crédibles (en espérant qu’elles passent), tout en croisant le chemin de Chris chaque fois que je le peux. Non pas que je trouve des choses fascinantes à lui dire, bien au contraire. C’est un festival de banalités et de platitudes qui s’échappe de ma bouche malgré tous mes efforts pour être prête. Pourtant, dans ma tête, nous avons des conversations tellement spirituelles ! Heureusement, il ne semble pas s’en formaliser et son sourire a l’air sincère.
Le lundi suivant, j’attends en vain sa venue pendant tout mon cours de violoncelle, ce qui me vaut quelques remarques acides de ma prof concernant mon manque de concentration. J’interrogerais bien ses copines pour essayer de savoir pourquoi il n’a pas tenu sa promesse, mais je n’ose pas, de peur d’être ridicule ou trop indiscrète. Le soir, je me reproche de ne pas l’avoir fait, car cette idée me turlupine tellement que je ne parviens pas à trouver le sommeil et je tourne et vire dans mon lit pendant ce qui me semble des heures.
Vers minuit, à bout de nerfs, je décide de me lever pour aller aux toilettes. Je suis en train de boire dans le noir (j’ai évité d’allumer pour ne pas réveiller la surveillante), lorsque j’aperçois un mouvement dans le miroir. Je me redresse et voit, à la lueur verte de la lampe de sécurité, Rose, habillée et Mya, en pyjama, qui se dirigent vers l’escalier. Rose embrasse son amie et s’engage dans les escaliers tandis que Mya retourne vers sa chambre. Curieuse, je descends à la suite de Rose et je suis stupéfaite de la voir entrer dans la chambre des garçons. Qu’est-ce qu’ils mijotent ? J’attends quelques minutes mais comme rien ne se passe, je remonte vers mon étage. En passant devant la fenêtre du couloir, je vois distinctement Rose, Lio, Théo et Chris s’éloigner en courant en direction de la forêt qui borde le parc. Mais enfin, par où sont-ils sortis ? Pour en avoir le cœur net, je redescends au rez-de-chaussée. La porte principale est toujours fermée, aussi je sors par la porte de secours en priant pour qu’elle ne déclenche pas une alarme reliée aux pompiers. Levant le nez, je vois que la fenêtre des garçons est restée entrouverte. C’est des grands malades ! C’est super haut ! Certes, ils sont sportifs, mais quand même… Je suis leurs traces sur quelques mètres mais mes pieds trempés m’incitent à rentrer bien vite. Tant pis, je verrai ça demain.

Pourtant, au matin, ce qui me préoccupe réellement, c’est de découvrir pourquoi Chris n’est pas venu me voir jouer et j’essaie de trouver une opportunité pour lui parler.
À la récré, je le vois en pleine discussion avec Rose et son regard se dirige vers moi. Malgré mes papillons dans le ventre, j’en conclus que c’est le bon timing pour l’aborder. Je contourne les nombreux groupes bruyants agglutinés dans l’atrium et me retrouve coincée derrière un pilier. A ma grande surprise, de là où je suis, je peux capter leur conversation.
– « Mais si, enfin ! Quand tu seras le Super Alpha tu pourras faire évoluer les choses, si tu le veux vraiment. »
– « Rose, arrête… Tu sais bien que ce n’est pas si simple… Le Conseil des Loups a aussi son mot à dire et ils sont vieux et conservateurs. Et puis mon heure n’est pas encore venue. Notre alpha est encore en forme malgré son âge. Et heureusement, parce que je suis encore trop jeune pour ce rôle. »
– « Au moins, en attendant, laisse-nous vivre notre vie comme on l’entend ! Garde notre secret et on gardera le tien. »
– « Ah bon ? J’ai un secret, moi ? Première nouvelle ! »
– « Ne fais pas l’innocent, on a vu comment tu regardais Chloé… »
– « Tu vas un peu vite en besogne, là. Je ne sais même pas ce qu’elle ressent ! »
– « Oh, la même chose que toi, tu peux me croire ! » Lance Rose en riant doucement.
La sonnerie choisit ce moment pour me faire sursauter et quelqu’un me bouscule au passage. Je préfère m’éloigner, de peur qu’ils ne s’aperçoivent que je les espionnais. De toute façon, j’ai la réponse à la question qui me préoccupait. Mais aussi de quoi m’en poser plein de nouvelles… totalement inattendues. Dans quoi me suis-je fourrée ?

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