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Noël et la fête du solstice d’hiver en classe de mandarin

vendredi 20 décembre 2019, par M. Jubault

Si noël est fêté en Chine depuis peu, c’est seulement dans les grandes villes et avant tout pour des raisons commerciales. Avons-nous pour autant des traditions si différentes des habitants de l’autre extrémité du globe ? En Chine, il existe une autre fête traditionnelle. Nous allons voir pourquoi les origines de celle-ci doivent être directement mis en lien avec les origines mêmes de notre fête de noël.

S’ils ne fêtent pas Noël, les Chinois doivent-ils être à plaindre pour les fêtes de fin d’année ? Peuple d’agriculteurs proche de la nature, les Chinois fêtent depuis des milliers d’année le solstice d’hiver (冬至 dōngzhì l’extrêmité de l’hiver), qui a lieu entre le 21 et le 22 décembre. Durant le règne des dynasties royales Shang et Zhou ( 1570-722 avant J.-C.) et sous la dynastie impériale des Qin (221 à 206 avant J.-C.), le jour du solstice d’hiver était le premier jour du Nouvel An. Sous les Han (206 av. J.-C. à 220 ap. J.-C.), le solstice d’hiver est devenu le "festival d’hiver". Le solstice d’hiver marquait le début des vacances officielles. A cette période, tout le monde marquait un arrêt de travail, que ce soit les membres des familles royales ou les émissaires gouvernementaux, et même l’armée était en vacances. Les portes aux frontières étaient barrées et les commerces n’ouvraient pas. C’était l’occasion pour les membres de chaque famille de se réunir ou de se rendre visite afin d’effectuer un échange de cadeaux ou de nourriture, et de se relaxer. De nos jours, le dongzhi est est restée une occasion de se réunir en famille et de manger notamment, à cette occasion, des raviolis (jiaozi) et des boulettes de riz gluant (tangyuan).

Quelque peu éclipsé par la fête de la Nativité en Europe, nous fêtons néanmoins aussi à l’origine le solstice d’hiver. En effet, la fête de la Nativité ne fut instituée le 25 décembre qu’en l’an 354 de notre ère par le pape Liberius et reprend l’esprit des Saturnales romaines, où l’on revivait l’Âge d’Or, temps mythique où tous les hommes étaient égaux. Cette grande fête d’origine agricole était en l’honneur de Sol Invictus (en français, « le Soleil invaincu »). Elle durait sept jours entiers, du 17 au 24 décembre, c’est-à-dire autour du solstice d’hiver. Sept jours d’ivresse, de festins, où tout le monde s’offrait des cadeaux, sans distinctions sociales, et décorait sa maison avec des végétaux qui restent verts toute l’année tels le pin, le chêne vert, etc.

Le choix des dates encore fêtées aujourd’hui, entre le 21 et 22 en Extrême-Orient et entre le 24 et 25 décembre en Occident, est représentatif de la vision particulière, qu’ont les différentes cultures du monde de ce moment si particulier de l’année. Si en Occident, on fête la manifestation visible du changement dans les rythmes de la nature, dans la culture chinoise, qui a rayonné partout en Extrême-Orient, on privilégie sa manifestation première, invisible. Cela est vrai pour la fête du Printemps qui a lieu très tôt en janvier ou février, et qui correspond entre autre à la sortie de l’état de dormance des arbres, mais aussi pour la fête du solstice d’hiver. Du latin solsticium qui veut dire littéralement « arrêt du Soleil » (statum, immobile), on célèbre en Chine la période la plus sombre de l’année, où du cœur du yin (阴) le yang (阳) renaît. Tandis que le choix du 25 décembre marque — notamment pour les cultures celtes, germaniques, romaines — le renouveau, la renaissance, le retour de la lumière. Après quelques jours d’immobilité en effet, le point de lever et de coucher du Soleil au-dessus de l’horizon se décale de nouveau vers le nord. Les jours grandissent et la lumière revient.

Solstice ou nativité, Orient ou Occident : les deux faces d’une même pièce ?